Seule noire parmi les blanches, la brebis Noire du Velay est exceptionnelle dans le paysage des races ovines françaises. Séductrice des plateaux volcaniques du Velay, la couleur de sa laine à reflets brunâtres est une technique de camouflage. La capacité de sa toison et de sa peau noire à capter les rayons du soleil permet aux agneaux de se réchauffer plus facilement.
Cette brebis a la faculté de s’adapter aux rigueurs du climat montagnard, héritée de son berceau d’origine. Élevée de façon traditionnelle, cette bonne marcheuse est capable d’accéder à des parcours escarpés et à fort dénivelé pour aller brouter et valoriser des pacages peu enherbés.
La fierté de tout un territoire
Lorsque les conditions d’élevage sont difficiles, elle peut s’entretenir avec peu de fourrage, mobiliser ses réserves pour adapter ses besoins à son stade physiologique. En outre, la Noire du Velay possède la qualité de se désaisonnaliser. Par conséquent, elle agnelle à n’importe quelle période de l’année. Elle n’a pas de saison sexuelle marquée. Puis, les brebis viennent naturellement en chaleur tout au long de l’année, même en période de jours croissants. Enfin l’accélération du rythme des mises-bas permet d’obtenir des agnelages, de façon naturelle, tous les huit mois.
De tempérament calme, la Noire du Velay acquiert un instinct maternel sans équivalent. Son comportement facilite l’allaitement des agneaux, souvent issus de naissances multiples. Par ailleurs, le savoir-faire des éleveurs favorise la croissance d’agneaux vigoureux, tout au long de l’année. Nourris de foin et de rations à base de céréales en complément du lait de leurs mères, ces agneaux sont appréciés par les consommateurs pour leurs qualités gustatives.
Nul doute, la saveur et le grain particulier de cette viande sont reconnus par des bouchers et des restaurateurs renommés. Ils n’hésitent pas à mettre en avant sur leur étal ou leur table les délicieux morceaux de cette viande de tradition. Les éleveurs, fiers de leur race, organisent donc chaque année la fête de la Noire du Velay, autour du « Pastre », lors d’une transhumance en rappel des coutumes ancestrales.
Sébastien Dumas bichonne ses brebis noires
Au GAEC du Rond Rouge, sur les hauteurs du Puy-en-Velay, Sébastien Dumas est éleveur. Il fait partie de la vingtaine d’éleveurs adhérant à l’association des producteurs d’agneaux Noirs du Velay. Son cheptel composé de 350 brebis, lui permet d’être présent sur le marché tout au long de l’année.
Quelles sont les particularités du Gaec du Rond Rouge ?
On l’a appelé le Rond Rouge, car nous sommes sur un rocher volcanique entouré de terre rouge. Au départ, l’exploitation était tenue par mon père, puis mon frère s’est installé avec lui. Lors du départ à la retraite de mon père en 2003, j’ai rejoint David pour m’occuper du troupeau de 350 brebis de race Noire du Velay, héritage de mon père. Ensuite, ma belle-sœur a intégré le GAEC pour participer à l’élevage. Aujourd’hui, notre exploitation s’étend sur une surface de 140 hectares. Maintenant, la continuité est assurée puisque mon neveu Pierre nous rejoint cette année.
De quelle façon sont élevés les animaux ?
Les brebis pâturent au maximum, elles restent le plus longtemps à l’extérieur. L’hiver, elles mangent du foin et de l’enrubannage provenant des surfaces du GAEC. À noter: les agneaux sont allaités deux mois sous leur mère. La qualité de leur alimentation est donc primordiale. Je nourris alors les agneaux avec du foin, de la paille et de l’aliment à base de protéines végétales issues de luzerne déshydratée, de colza et de soja garanti sans OGM. Je pratique trois agnelages par an. Les agneaux sont sevrés au bout de deux mois, ils partent en boucherie dès lors qu’ils pèsent entre 40 et 45 kilos. Au niveau gustatif, les fins connaisseurs apprécient les bons morceaux des agneaux Noirs du Velay, car ils n’ont pas le même goût que les autres viandes.
La Noire du Velay est un marché porteur ?
Cette race s’adapte bien à la région. Les brebis font facilement deux agneaux, ce qui nous permet d’être sur le marché tout au long de l’année. Au total, je vends plus de 300 agneaux par an en boucherie; et entre 200 et 300 agnelles par an pour des élevages, des agrandissements de troupeau ou auprès des jeunes qui s’installent. Enfin j’adhère à l’association des producteurs d’agneaux Noirs du Velay et je fais partie de l’organisme de sélection des races ovines des massifs. Cela me permet d’assurer la commercialisation de mes agneaux de boucherie et de sélectionner mes agnelles.
”GAEC du Rond Rouge
La Pépinière
43000 Le Puy-en-Velay
Crédits photos : Didier Cathalan